Proche Orient

Proche-Orient

 

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PRÉSENTATION

Proche-Orient, rĂ©gion dĂ©finie de manière approximative par la gĂ©ographie, la culture et la politique, comprise entre la partie orientale de la MĂ©diterranĂ©e et le nord-ouest de l'ocĂ©an Indien. Elle occupe une superficie de 5 000 000 km2.

L'expression Â« Proche-Orient Â» trouve son origine dans le vocabulaire français de la fin du XIXe siècle. Elle dĂ©signait la partie de l'Empire ottoman qui correspondait aux intĂ©rĂŞts stratĂ©giques français de l'Ă©poque. L'usage de l'adjectif « proche Â» permettait de diviser l'Orient en un « ExtrĂŞme-Orient Â», situĂ© en Asie de l'Est, et un « Proche-Orient Â», Ă  l'est du bassin mĂ©diterranĂ©en. Aujourd'hui, on a tendance Ă  employer indistinctement « Proche-Orient Â» et « Moyen-Orient Â» (traduction de l'anglais Middle East, privilĂ©giant le premier terme lorsqu'on dĂ©signe les pays limitrophes de la MĂ©diterranĂ©e orientale.

Le Proche-Orient, dans son acception française, englobe, de nos jours, les pays suivants : l'Égypte, IsraĂ«l, la Jordanie, le Liban, la Syrie, la Turquie, la pĂ©ninsule Arabique — avec l'Arabie saoudite, le BahreĂŻn, Oman, le Qatar, les Émirats arabes unis et le YĂ©men â€” ainsi que l'Iran et l'Irak. Il faut noter que ni le Proche-Orient ni le Moyen-Orient n'incluent l'Afrique du Nord. La Libye, Ă  la charnière des deux rĂ©gions, est gĂ©nĂ©ralement rattachĂ©e Ă  l'Afrique du Nord. Cependant, elle est quelquefois comprise dans le Proche-Orient, de mĂŞme que le Soudan, au sud de l'Égypte.

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LE TERRITOIRE ET SES RESSOURCES

 

 

 

Le Proche-Orient se situe dans une zone chaude caractĂ©risĂ©e par un fort dĂ©ficit pluviomĂ©trique. La façade maritime bĂ©nĂ©ficie d'un climat mĂ©diterranĂ©en avec des hivers doux et des Ă©tĂ©s chauds. Après l'Ă©troite bande cĂ´tière, le paysage est constituĂ© de steppes et de dĂ©serts. Le climat y est très rude avec des tempĂ©ratures très Ă©levĂ©es dans la journĂ©e, qui peuvent descendre très bas la nuit. Ce contraste climatique est attĂ©nuĂ© par l'existence de fleuves nourriciers, le Nil en Égypte, le Tigre et l'Euphrate en Irak et en Syrie, parmi les plus importants, qui permettent de mettre les terres en valeur par l'irrigation. La pratique de l'irrigation pĂ©renne est un fait de civilisation que l'on doit aux Égyptiens et aux Perses. Le Proche-Orient est une rĂ©gion au relief inĂ©gal bordĂ©e de montagnes : on les trouve au nord et Ă  l'ouest, sur les franges de la Turquie et de l'Iran, Ă  l'est, sur le territoire libanais et au sud, au YĂ©men.

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POPULATION ET SOCIÉTÉ

Bien que le Proche-Orient soit le berceau des trois grandes religions monothĂ©istes, l'islam est la religion de la majoritĂ© des habitants de la rĂ©gion, Ă  l'exception d'IsraĂ«l dont la population est aujourd'hui majoritairement juive. Il existe des communautĂ©s chrĂ©tiennes, mais elles sont partout minoritaires. C'est au Liban que les chrĂ©tiens sont le mieux reprĂ©sentĂ©s. Les chrĂ©tiens du Proche-Orient sont scindĂ©s en plusieurs communautĂ©s issues des schismes des premiers siècles du christianisme. On recense notamment les maronites (catholiques) au Liban, les grecs-orthodoxes en Syrie et au Liban, les coptes en Égypte et les chaldĂ©ens en Irak. Si l'on distingue musulmans sunnites et musulmans chiites, il convient de prĂ©ciser que ces derniers, mĂŞme s'ils sont globalement minoritaires dans la rĂ©gion, ont un poids important au Liban et constituent la majoritĂ© de la population en Iran et en Irak. On peut Ă©galement parler de sectes issues du chiisme, comme les druzes (Liban, Syrie), les alaouites (Syrie), les azĂ©ris (Turquie), les ismaĂ©liens (Syrie, YĂ©men), les zaydites (YĂ©men). Les alaouites, très minoritaires, sont au pouvoir en Syrie. Les zaydites sont majoritaires au YĂ©men. Ailleurs, leur reprĂ©sentation est minoritaire, dĂ©mographiquement et politiquement.

Trois peuples dominent le Proche-Orient : les Arabes autochtones de la rĂ©gion, les Turcs, issus des invasions mongoles du Moyen Ă‚ge, et les Persans. La rĂ©partition dĂ©mographique de ces trois peuples est actuellement d'un Persan pour deux Turcs et quatre Arabes. Il existe Ă©galement des minoritĂ©s ethnolinguistiques, la plus importante Ă©tant celle des Kurdes, population de langue persane, rĂ©partie entre la Turquie, l'Iran, l'Irak et la Syrie.

3.1

 

Culture

La culture des sociĂ©tĂ©s proche-orientales est naturellement marquĂ©e par la naissance et le dĂ©veloppement des trois religions monothĂ©istes, ainsi que par les grandes civilisations antiques qui font partie de l'hĂ©ritage culturel du Proche-Orient. L'islam, loin de limiter la crĂ©ativitĂ© littĂ©raire, sauf dans certains genres comme la poĂ©sie, a stimulĂ© la vie intellectuelle, organisĂ©e suivant le principe du mĂ©cĂ©nat avec la prĂ©sence dans les cours royales de nombreux artistes. Les invasions mongoles, du IXe au XIVe siècle, ont constituĂ© une vĂ©ritable rupture. En effet, elles ont dĂ©truit une partie des cultures rencontrĂ©es sur leur chemin sans apporter de culture de substitution. Ă€ cette Ă©poque, l'Asie Mineure connut un peuplement turc, Ă  partir duquel toute une culture dut ĂŞtre inventĂ©e, tandis que l'Iran exerçait son influence prestigieuse sur le Proche-Orient. La culture arabe dĂ©clina jusqu'au XIXe siècle. Sa renaissance fut le fait d'une Ă©lite intellectuelle rĂ©cemment formĂ©e en Europe, en France en particulier. L'influence europĂ©enne, culturelle et politique, se manifesta Ă  travers des idĂ©es nouvelles, empruntant fortement aux idĂ©aux des Lumières, qui allaient rĂ©volutionner aussi bien le contenu littĂ©raire, Ă  travers les thèmes traitĂ©s, que la forme, avec une refonte de la langue. La culture devint clairement un instrument de la lutte politique. D'abord au service des nationalistes pendant la pĂ©riode de la colonisation, les intellectuels arabes devaient participer Ă  la fondation d'États indĂ©pendants et Ă  la modernisation de leurs sociĂ©tĂ©s. L'intellectuel arabe devait Ă©galement faire face au problème de son identitĂ©. La question d'une culture indĂ©pendante arabe reste posĂ©e aujourd'hui.

3.2

 

Les régimes politiques

Jusqu'au milieu des annĂ©es 1980, le monde arabe n'avait pas connu de changement de rĂ©gime Ă  la faveur d'Ă©lections dĂ©mocratiques. Les Ă©lections pratiquĂ©es dans la majeure partie des pays du Proche-Orient Ă©taient plutĂ´t destinĂ©es Ă  entĂ©riner un rapport de force qui favorisait celui qui les organisait. Depuis le dĂ©but des annĂ©es 1990, le monde arabe connaĂ®t un mouvement de dĂ©mocratisation, favorisĂ© par l'accès d'une fraction de plus en plus importante de la population Ă  une information dĂ©sormais internationale, et par le dĂ©veloppement de pĂ´les revendicatifs au sein de la sociĂ©tĂ© (associations, syndicats, partis politiques). Cette tendance affecte aussi bien les rĂ©gimes monarchiques que les rĂ©gimes rĂ©publicains.

La Turquie et IsraĂ«l ont, depuis leur crĂ©ation, un rĂ©gime politique proche de ceux en vigueur en Europe occidentale, c'est-Ă -dire qu'il existe un multipartisme et des Ă©lections libres.

L'Iran, depuis 1979, est un rĂ©gime thĂ©ocratique dans lequel les partisans de la « rĂ©volution islamique Â» ont investi tous les rouages du pouvoir.

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ÉCONOMIE

C'est au Proche-Orient que l'on a dĂ©couvert pour la première fois du pĂ©trole en grande quantitĂ©, au dĂ©but du siècle. La rĂ©gion n'a depuis jamais dĂ©menti son statut de « plus grand champ pĂ©trolifère du monde Â». L'Arabie saoudite, l'Iran, l'Irak, le KoweĂŻt et les Émirats arabes unis font partie des plus gros producteurs du monde. C'est au Proche-Orient, Ă©galement, que les rĂ©serves en hydrocarbures sont les plus prometteuses, surtout en gaz, source d'Ă©nergie moins exploitĂ©e que le pĂ©trole. Les revenus des hydrocarbures, significatifs Ă  partir des annĂ©es 1950, ont permis d'accompagner le dĂ©veloppement d'États qui venaient d'accĂ©der Ă  la souverainetĂ©. Des Ă©conomies rentières, fondĂ©es sur la redistribution, se sont mises en place dans les pays pĂ©troliers de la pĂ©ninsule Arabique, tandis que les revenus tirĂ©s du pĂ©trole Ă©taient mis au service d'un dĂ©veloppement Ă©conomique ambitieux dans des pays Ă  fort potentiel dĂ©mographique comme l'Iran et l'Irak. Le dĂ©veloppement Ă©conomique des pays du Proche-Orient, qu'ils soient producteurs ou non producteurs de pĂ©trole a reposĂ© presque intĂ©gralement sur l'État, premier entrepreneur et premier employeur. L'effondrement des cours du pĂ©trole au milieu des annĂ©es 1980 et les conflits pĂ©troliers (les deux guerres du Golfe notamment) ont rĂ©vĂ©lĂ© la fragilitĂ© de ces Ă©conomies tout en favorisant leur intĂ©gration (aussi appelĂ© « mondialisation Â»), et leur libĂ©ralisation, mĂŞme si celle-ci semble plus imposĂ©e par les contraintes Ă©conomiques que librement dĂ©cidĂ©e.

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HISTOIRE

 

5.1

 

Période ancienne

Depuis l'AntiquitĂ©, les envahisseurs et les marchands ont parcouru la rĂ©gion du Proche-Orient Ă  la recherche de nourriture, de matières premières, de marchandises, ou de pouvoir politique. Les idĂ©es, les inventions et les institutions se sont rĂ©pandues Ă  partir de cette rĂ©gion, lui valant l'appellation de « berceau de la civilisation Â». Les premières fermes et villes, les premiers gouvernements, codes et alphabets sont venus du Proche-Orient. Quatre grandes religions du monde sont originaires de cette rĂ©gion : le judaĂŻsme, le zoroastrisme, le christianisme et l'islam.

5.2

 

Premières civilisations

Les Ă‰tats et les gouvernements sont apparus lorsque les anciennes peuplades parvinrent Ă  domestiquer les grands fleuves du Proche-Orient, le Nil, le Tigre et l'Euphrate, favorisant l'agriculture. Les premiers États du Proche-Orient furent l'Égypte et Sumer, qui naquirent vers 3000 av. J.-C. Vers 1000 av. J.-C., de nouvelles vagues d'envahisseurs dĂ©stabilisèrent la rĂ©gion, donnant naissance Ă  de nouveaux royaumes en PhĂ©nicie, en Palestine et dans d'autres rĂ©gions du Proche-Orient. Au VIe siècle av. J.-C., les Perses Ă©tablirent leur domination sur la totalitĂ© de la rĂ©gion et instituèrent un système de gouvernement qui devint un modèle pour les empires ultĂ©rieurs. Au IVe siècle av. J.-C., la Perse, affaiblie par des rĂ©voltes et des conflits internes, fut conquise par Alexandre le Grand de MacĂ©doine.

5.3

 

Périodes hellénistique et romaine

La conquĂŞte d'Alexandre le Grand marqua le dĂ©but du millĂ©naire pendant lequel le Proche-Orient fit partie du monde hellĂ©nistique. La culture grecque se mĂŞla aux pratiques locales. Cependant, le pouvoir macĂ©donien allait s'effondrer face aux assauts des Romains qui conquirent la plus grande partie de la zone. Le christianisme fut adoptĂ© au dĂ©but du IVe siècle. Constantin le Grand, le premier empereur romain chrĂ©tien, scella les liens de l'Empire avec l'Orient en dĂ©plaçant sa capitale Ă  Byzance, un port du Bosphore. RebaptisĂ©e Constantinople, elle devint une grande ville et la capitale de l'empire d'Orient ou Empire byzantin pendant plus de mille ans.

5.4

 

Période islamique

L'islam naquit au VIIe siècle, Ă  partir de la rĂ©vĂ©lation faite par Dieu Ă  Mahomet, un berger d'Arabie qui allait devenir le prophète de l'islam et le chef de la communautĂ© naissante des musulmans (« ceux qui sont soumis Â» Ă  Dieu). Ă€ la mort du Prophète en 632, le flambeau de l'islam allait ĂŞtre repris, et son influence Ă©tendue Ă  partir de la pĂ©ninsule Arabique.

5.5

 

La domination arabe

Le califat fut contrĂ´lĂ© par deux dynasties successives : les Omeyyades (661-750), qui gouvernèrent Ă  partir de Damas, et les Abbassides (750-1258), qui rĂ©gnèrent en gĂ©nĂ©ral depuis Bagdad. Avec l'aide des peuples arabes pĂ©ninsulaires, les Omeyyades conquirent l'Afrique du Nord, l'Espagne et l'Asie centrale. Les Abbassides dĂ©veloppèrent le commerce et la culture, donnant aux convertis non arabes les mĂŞmes droits qu'aux musulmans arabes. Les Perses et les Turcs prirent le relais, alors que les tribus arabes refluaient vers le dĂ©sert dont elles Ă©taient originaires. MalgrĂ© les divisions politiques, l'industrie et le commerce prospĂ©rèrent, tout comme l'Ă©rudition, les sciences et les arts.

5.6

 

Hégémonie iranienne et turque

 

 

 

Ă€ partir du Xe siècle, le Proche-Orient fut envahi par les Turcs d'Asie centrale. Ils adoptèrent la foi, les lois et la culture des musulmans locaux et gouvernèrent rapidement la plupart de leurs territoires. L'invasion turque provoqua le dĂ©clenchement des croisades, amenant les forces europĂ©ennes sur la cĂ´te est de la MĂ©diterranĂ©e et Ă  JĂ©rusalem pour combattre et piller au nom du christianisme. L'invasion mongole du XIIIe siècle fut plus dommageable pour l'islam, dĂ©truisant une grande partie de l'Irak et de l'Iran. Un groupe d'esclaves-soldats, les Mamelouks d'Égypte, les arrĂŞtèrent en 1260. MĂŞme si les Mamelouks et les Mongols Ă©tablirent des États puissants au cours des siècles suivants, le plus important et le plus durable fut l'Empire ottoman. Parties des collines occidentales d'Asie Mineure, les tribus turques, menĂ©es par Osman et ses fils, attaquèrent et occupèrent les territoires byzantins, d'abord en Asie puis dans le sud-est de l'Europe. En 1453, ils prirent Constantinople.

5.7

 

Domination européenne

Après le XVIe siècle, les grands empires musulmans dĂ©clinèrent. L'Empire ottoman perdit ses territoires europĂ©ens au profit de l'Autriche et de la Russie mais rĂ©ussit Ă  se maintenir jusqu'Ă  la Première Guerre mondiale car la Russie et les autres puissances europĂ©ennes ne pouvaient s'entendre sur le partage de cet empire surnommĂ© le « vieil homme malade Â». Plusieurs souverains ottomans du XIXe siècle cherchèrent Ă  occidentaliser leur armĂ©e et leur administration. L'arrivĂ©e d'experts et d'entrepreneurs europĂ©ens et la percĂ©e de la technologie changèrent bien des aspects de la sociĂ©tĂ© ottomane. Tandis que de nombreux musulmans, qui se sentaient menacĂ©s dans leur identitĂ©, rĂ©sistèrent au changement, d'autres se laissèrent influencer par les idĂ©aux nationalistes et dĂ©mocratiques des EuropĂ©ens. Quant Ă  la Perse, elle fut l'objet de rivalitĂ©s entre le Royaume-Uni et la Russie qui la divisèrent en sphères d'influence.

Au dĂ©but du XXe siècle, la totalitĂ© du Proche-Orient tomba sous la domination de l'Europe. La participation du Proche-Orient Ă  la Première Guerre mondiale et l'effondrement de l'Empire ottoman ne permirent aux provinces arabes d'obtenir leur indĂ©pendance. Les Français s'emparèrent de la Syrie et du Liban, pour lesquels ils furent mandatĂ©s par la SociĂ©tĂ© des Nations (SDN) nouvellement créée, tandis que les Britanniques obtinrent le contrĂ´le de l'Irak et de la Palestine, oĂą ils reconnurent par ailleurs la constitution d'un Foyer national juif. La RĂ©publique turque Ă©mergea des vestiges de l'Empire ottoman, grâce aux conquĂŞtes territoriales du gĂ©nĂ©ral nationaliste Mustapha Kemal (surnommĂ© AtatĂĽrk, « père des Turcs Â»). En Iran, un officier de l'armĂ©e, Muhammad Riza Chah, prit le pouvoir en 1921 et essaya d'imiter les rĂ©formes de Kemal.

5.8

 

Décolonisation

La pĂ©riode de la dĂ©colonisation s'Ă©tendit des annĂ©es 1920 aux annĂ©es 1950. La dĂ©cennie 1930 fut une pĂ©riode de forte agitation dans le monde arabe. L'idĂ©e d'une nation arabe qui transcenderait les frontières dessinĂ©es par les colonisateurs français et britanniques, faisait son chemin. L'Irak, la Syrie et la Transjordanie obtinrent une indĂ©pendance relative par rapport aux puissances mandataires. Ă€ l'issue de la Seconde Guerre mondiale, l'Égypte et la Palestine restaient soumises Ă  l'administration britannique. En Palestine, la tension ne cessait de croĂ®tre entre les Britanniques, les Arabes et les Juifs. Les Nations unies votèrent, en 1947, le partage de la Palestine entre deux États, arabe et juif, mais ce plan fut rejetĂ© par les États arabes. Affaibli Ă©conomiquement par la guerre, le Royaume-Uni dĂ©cida de quitter la Palestine en mai 1948. L'État d'IsraĂ«l fut aussitĂ´t proclamĂ© par David Ben Gourion (14 mai) et, le jour mĂŞme, plusieurs États arabes lui dĂ©clarèrent la guerre. Trois autres guerres suivirent, qui opposèrent l'État hĂ©breu Ă  l'Égypte, Ă  la Syrie, au Liban et aux Palestiniens en 1956, 1967 et 1973. L'Égypte, sous la conduite de Gamal Abdel Nasser, vĂ©ritable dirigeant de ce pays Ă  partir du renversement de la monarchie en 1954, nĂ©gocia le dĂ©part des Britanniques. Juste après le dĂ©part du dernier soldat en juillet 1956, il nationalisa le canal de Suez. Britanniques et Français, actionnaires de la compagnie qui gĂ©rait le canal, s'allièrent Ă  IsraĂ«l pour attaquer l'Égypte, mais les États-Unis et l'URSS imposèrent le retrait de la coalition. La crise de Suez marqua dĂ©finitivement le retrait des puissances europĂ©ennes au profit des deux superpuissances. Le Proche-Orient devint alors l'un des enjeux de la guerre froide.

5.9

 

Le Proche-Orient moderne

 

 

 

La dĂ©faite arabe dans la guerre israĂ©lo-arabe de 1967 fut ressentie comme la pire des dĂ©faites du monde arabe. Les militaires, accusant les civils d'ĂŞtre responsables de la dĂ©faite, s'emparèrent du pouvoir en Syrie, en Irak et en Égypte Ă  la fin des annĂ©es 1960 ainsi qu'au dĂ©but des annĂ©es 1970. En 1979, le renversement du chah d'Iran et la « rĂ©volution islamique Â» qui s'ensuivit eurent une forte influence dans la rĂ©gion. Avec l'Irak, l'Iran Ă©tait une puissance rĂ©gionale redoutable. La guerre qui l'opposa Ă  l'Irak (voir Iran-Irak, guerre) (1980-1988) ne l'Ă©carta guère du jeu rĂ©gional, tandis que son adversaire allait s'Ă©puiser dans une tentative hasardeuse de conquĂŞte du KoweĂŻt quelques annĂ©es plus tard (guerre du Golfe de 1990-1991). Les relations entre IsraĂ«l et le monde arabe restèrent tendues jusqu'aux tentatives de normalisation entreprises en 1993. L'Égypte, premier État Ă  signer la paix avec IsraĂ«l, Ă  travers les accords de Camp David en 1979, resta isolĂ©e pendant quinze ans au sein du monde arabe. IsraĂ«l se rĂ©solut Ă  considĂ©rer qu'une paix avec le monde arabe devait passer par des nĂ©gociations avec les Palestiniens. En septembre 1993, la reconnaissance mutuelle d'IsraĂ«l et de l'Organisation de libĂ©ration de la Palestine (OLP), dirigĂ©e par Yasser Arafat, lança le processus de paix, qui accordait un dĂ©but d'autonomie aux Palestiniens dans les zones de la bande de Gaza et dans certaines localitĂ©s de Cisjordanie en commençant par JĂ©richo. Un accord de paix fut signĂ© avec la Jordanie en juillet 1994. Le processus de paix allait rencontrer une opposition du cĂ´tĂ© palestinien, avec la constitution d'un « front du refus Â» regroupant les islamistes et des groupuscules d'extrĂŞme gauche, comme du cĂ´tĂ© israĂ©lien, avec des critiques de la droite israĂ©lienne. L'arrivĂ©e au pouvoir de cette dernière, emmenĂ©e par le Premier ministre Ă©lu en mai 1996, Benyamin Netanyahou, a posĂ© dès lors la question de la poursuite du processus de paix.Le refus de tout nouveau retrait affichĂ© par le leader israĂ©lien conduit en effet le processus de paix dans une impasse. Mais le retour au pouvoir des travaillistes avec Ehoud Barak, en 1999, suscite l’espoir d’une solution globale au Proche-Orient. Ainsi en 2000, l’armĂ©e israĂ©lienne se retire du sud-Liban. Ă€ l’instigation de Bill Clinton, les nĂ©gociations reprennent. Toutefois IsraĂ©liens et Palestiniens ne parviennent pas, lors du sommet de Camp David II (juillet 2000), considĂ©rĂ© comme celui de la dernière chance, Ă  se mettre d’accord sur la question des rĂ©fugiĂ©s palestiniens, l’avenir des colonies juives, le statut du futur État palestinien et de JĂ©rusalem. Après cet Ă©chec, c’est Ă  nouveau l’escalade de la violence. Des attentats menĂ©s par les extrĂ©mistes islamistes du Hamas sont perpĂ©trĂ©s en IsraĂ«l, oĂą la droite se montre hostile Ă  toute nouvelle concession. La reprise de l’Intifada en septembre 2000 et la victoire du Likoud aux Ă©lections israĂ©liennes de fĂ©vrier 2001, qui voit Ariel Sharon, l’un des dirigeants les plus opposĂ©s au processus de paix, devenir Premier ministre, rendent la situation encore plus tendue et difficile. Égyptiens et Jordaniens proposent, en mars 2001, un plan afin de mettre fin aux violences et de relancer les nĂ©gociations ; le prince Abdallah fait de mĂŞme en fĂ©vrier 2002 en proposant la reconnaissance d’IsraĂ«l par tous les États arabes et la promesse de la paix en Ă©change du retrait par IsraĂ«l de tous les territoires occupĂ©s après 1967 ; en mars 2002 le Conseil de sĂ©curitĂ© de l’ONU vote la rĂ©solution 1397, sur proposition des États-Unis, qui expose « la vision d'une rĂ©gion dans laquelle deux États, IsraĂ«l et la Palestine, vivent cĂ´te Ă  cĂ´te Ă  l'intĂ©rieur de frontières reconnues et sĂ»res Â», mais il n’en reste pas moins que le processus de paix amorcĂ© Ă  Oslo semble dĂ©finitivement enterrĂ© dans la spirale de la violence.

 



07/03/2010
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